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29 Sep

Crise sanitaire : l’impact de la Finance

Source Xerfi/ Olivier Passet/synthèse

Pendant la crise sanitaire, le système financier est un élément décisif du maintien à flot de l’économie nationale et mondiale, contrairement à la crise de 2008.

L’économie réelle est sous perfusion.

Les dépôts de bilan sont différés car l’Etat a permis aux entreprises d’accéder aux crédits de trésorerie significatifs.

Les États ont accès illimité et gratuit à l’endettement, les banques centrales achetant sur les marchés des titres d’État maintiennent les taux bas et tuent toute velléité des marchés de spéculer sur les pays les plus vulnérables par le truchement des spreads.

Si le prix des actifs ne s’effondre pas, c’est en raison de la confiance des marchés dans le soutien des Banques Centrales.

Chaque crise trouve sa résolution grâces aux liquidités que le système financier déverse sur l’économie et sur les marchés d’actifs.

Les bénéficiaires des plans de sauvetage sont la minorité qui détient les actifs.

Ceux qui vivent des revenus d’activité sont confrontés à un prix des actifs toujours plus élevé et sans lien avec la richesse produite.

Dans le cadre de la crise sanitaire, que se passe-t-il ?

L’apport de liquidité a jusqu’ici amorti ou différé la vague de défaillances et de licenciements attendue.

Ce résultat étant acquis, la solution devient maintenant le problème.

Les dettes publiques se sont accrues de 20 points de PIB.

La dette financière des entreprises a bondi pour sa part de 20 points de valeur ajoutée.

Générer la capacité de remboursement de ce surcroît d’endettement, c’est :

  • Soit entrer dans une spirale de crédit revolving incessante, où les nouveaux crédits financent les échéances des précédentes, à taux zéro, sans pricer le risque. Mais il arrive un moment où tout l’édifice financier est adossé à une économie zombie, et où ce dernier est gorgé de créances douteuses non déclarées. Arrive aussi le moment où à force de prolonger indéfiniment la situation atypique d’une courbe de taux aplatie, les banques perdent leur principale source de rentabilité.

 

  • Soit, et c’est l’autre issue, les banques et les marchés renouent avec des comportements plus sélectifs. Pour affronter leur surendettement, les entreprises doivent dégager du cash-flow supplémentaire, abaisser leur point-mort donc. A minima, 4 à 5 points de valeur ajoutée. Autrement dit, une pression considérable sur le taux de marge et sur les charges d’exploitation (masse salariale, sous-traitance, fournisseurs) qui étouffe toute possibilité de reprise et alimente une dynamique dépressive. Et dans ce contexte, les marchés financiers sont à nouveau fragilisés, les bilans bancaires exposés au risque d’une explosion des risques de défaut, et les salariés sous pression.

 

Et l’on se dit qu’à un moment, à force d’acharnement thérapeutique, ce n’est pas la grande catastrophe financière qui va engloutir le système, mais bien la catastrophe sociale.